Retour

Le vélo est complètement démonté et rangé dans un sac, la remoque est pleine de tout ce que nous n’avons plus l’utilité jusqu’à Marseille. Nous quittons Ushuaia en avion, c’est malheureusement le moyen le plus économique et le moins contraignant avec les bagages pour rejoindre Puerto Madryn. De là, nous louons une voiture pour aller à Puerto Piramides le seul village de la péninsule Valdez. Comme tous les gens sur la péninsule, nous nous levons tôt le matin et passons la journée au bord des côtes à espérer le passage d’un orque. Nous ne sommes pas spécialement optimistes, ça fait plus d’une semaine que les gardes du parc n’en ont pas vu. Nous patientons un peu sans trop nous attarder. Nous sommes assez curieux de voir des guanacos, des lièvres, des tatous, des chouettes et surtout les milliers d’otaries et leurs bébés, les éléphants de mer et les manchots. Le lendemain nous retentons notre chance en partant très tôt. Nous attendons à l’endroit où nous avons peut-être la chance de voir un orque. Après une petite heure d’attente, voici que nous apercevons un aileron, et un deuxième plus petit juste à côté. Au final ils seront 4 à se promener dans la baie, les 2 adultes enseignent aux jeunes comment capturer une proie sur des plages vierges. Ils restent là, proches des otaries et des manchots, à faire croire à leurs proies qu’ils sont inoffensifs. Nous restons plus de 4 heures à les contempler jusqu’à ce qu’ils regagnent le large. Merci pour ce beau spectacle.

Nous reprenons l’avion jusqu’à Buenos Aires, où nous passons 5 jours à flâner dans les rues de la ville et découvrir les différents quartiers. Palermo et ses graffitis, ses bars et boutiques à la mode (très mondialisé). San Telmo et ses vieilles maisons, ses places où l’on joue le tango pour les touristes, ses restaurants où manger les fameuses parillas argentines. La Boca et ses maisons colorées, son célèbre club de foot et ses milliers de touristes. Nous avons la chance d’être le 8 mars (journée internationale des droits de la femme) à Buenos Aires et assister au sport national, après le foot, la manifestation. De 15 heure à 20 heure l’Avenue de Mayo est envahie de femmes et quelques hommes. Nous nous mêlons à la foule un moment mais ensuite nous allons assister au défilé depuis le balcon de notre chambre, qui donne juste sur la rue. C’est impressionnant, ça n’arrête pas, ça chante, c’est bruyant et coloré.
Nous ne pouvons quitter l’argentine sans aller voir un match de foot. Pas n’importe quel match et pas n’importe où. Nous allons assister au match entre Boca Junior (club le plus populaire du pays) contre Tigre à la Bombonera. Le stade est impressionnant, il est plein, les gradins sont très raides et quand les supporters se mettent à sauter (presque tout le match) nous sentons le stade bouger. Le foot fait vraiment partie de la culture en Argentine.

Le tandem est parti en avion avec les parents de Tessalia et nous embarquons pour 2 semaines de croisière, sur un énorme paquebot (290 mètres de long, 44 mètres de large et 12 étages). Nous avons une grande chambre (sans fenêtres), c’est vraiment le luxe comparé à notre tente. Les premiers jours nous demandons vraiment ce que nous faisons là. L’atmosphère est à l’exact opposé de tout ce que nous avons vécu des deux dernières années. Les gens sont stressés d’aller manger, ils ont peur de pas avoir assez donc forcent le passage pour avoir un bout de viande alors qu’il y a profusion de nourriture. Ils remplissent leur assiette à raz bord et laissent souvent plus de la moitié. Tout est surfait et artificiel quel contraste, les échanges que nous avions, pleins de sincérité ici tout est calculé, rien n’est gratuit.

Le bateau fait un arrêt d’une journée à Rio, nous en profitons pour aller visiter un peu la ville. Voir le Corcovado et la plage de Copacabana c’est court en à peine 10h de temps. Nous faisons aussi une halte à Salvador de Bahia, juste le temps d’aller de traverser le marché Modelo où l’on peut acheter de l’artisanat local. Nous prenons l’ascenseur Lacerda pour rejoindre la ville haute, son centre très touristique avec ses maisons colorées et ses danseurs de Capoeira. Avant de quitter l’Amérique du Sud nous nous arrêtons un après-midi à Maceio pour profiter de nous baigner, nous languir sur la plage et dépenser nos derniers reals (monnaie brésilienne) pour des noix de cocos fraiches.

Après quelques jours sur le bateau nous observons les gens et heureusement nous voyons qu’il y aussi des jeunes un peu comme nous. Nous avons repéré un jeune couple, comme nous ils ne changent pas souvent d’habits et comme nous ils ont les marques de bronzage de cyclistes. Nous les abordons et effectivement ils rentrent après six mois de voyage à vélo en Amérique du Sud. C’est un couple de franco-suisse et c’est bien agréable de rencontrer des gens avec les mêmes affinités sur ce bateau. Cinq jours de haute mère sans escale nous sentons que les passagers (et nous aussi) deviennent de plus en plus tendus. Le bateau à beau être gigantesque on se sent quand même enfermés.

A Tenerife nous pouvons à nouveau sortir et se promener un petit moment, nous sentons que l’hémisphère Nord sort de l’Hiver, pour nous il fait froid ici. Encore un petit arrêt à Malaga et ensuite Marseille où nous débarquons (enfin).

Le papa et la sœur de Tessalia nous accueillent à notre débarquement, puis nous conduisent à Arles où nous restons quelques jours. Nous retrouvons notre vélo, et réussissons même à le remonter assez facilement finalement. Après une bonne fondue et dégustation de pleins d’autres fromage nous reprenons la route.

Nous remontons le Rhône le long de la piste cyclable de la ViaRhona, avec un petit détour pour voir le pont du Gard. Les étapes nous paressent vraiment facile, c’est vrai qu’il n’y a pas de grandes difficultés : c’est un très léger faux plat et sur des routes bien asphaltées. Les paysages ne sont pas vraiment moches ni spécialement joli. C’est un peu triste de voir que tout est canalisé, nous traversons beaucoup de barrages et passons près de passablement de centrales nucléaires. Juste avant Lyon nous quittons la ViaRhona pour rejoindre le petit village de Pellussin où nous retrouvons Mylène, que nous avions souvent croisé de O’Higgins à Ushuaia. Quelle joie de se retrouver et partager nos souvenirs communs ! Juste avant d’arriver à Genève la route est un peu plus vallonnée, nous sommes presque contents de retrouver un peu de dénivelé.

Nous ne nous apercevons même pas que nous sommes entrés en Suisse, sur la route de Valleiry il n’y a ni douane ni panneau. C’est en arrivant à Chancy que nous réalisons que nous sommes en Suisse. Nous allons jusqu’à Epeisses où nous sommes reçus chez la tante de Tessalia. Le lendemain c’est l’occasion de retrouver toute sa famille. Notre choix de rentrer à vélo est justement motivé par l’idée de revoir des amis sur le chemin du retour. A Genève nous allons bruncher avec une ancienne collègue de Benoît, puis nous passons l’après-midi avec une amie de Tessalia qui a eu des jumelles pendant que nous voyagions et le soir nous dormons chez des Warmshowers. Les 50 kilomètres jusqu’à Morges nous paressent vraiment facile nous pensions arriver dans la l’après-midi et à midi nous y sommes déjà. Là aussi nous retrouvons un couple d’amis qui a eu une petite fille et qui n’était même pas enceinte quand nous sommes partis. Très courte étape de Morges à St-Sulpice (6km) tellement courte que nous allons jusqu’à Lausanne dîner avec un ami de Benoît et retournons le soir chez Alberic (celui qui est venu nous voir au Mexique et au Chili). De St-Sulpice à La Tour-de-Peilz c’est tout plat le long du lac alors nous décidons de grimper dans les hauts de Lausanne et d’aller rendre visite à l’équipe d’Inser (ceux qui mettent la carte de notre site à disposition). Nous prenons la pause (un peu prolongée) avec eux, ils font des tours avec notre vélo. Le temps est magnifique : que pouvions nous espérer de mieux comme retour au bercail.

Quand nous arrivons dans le Lavaux, le ciel est beau bleu, le lac paisible, les dents du Midi enneigée. On se demanderait presque pourquoi nous sommes partis alors que c’est si beau ici (mais non on déconne).

A La Tour-de-Peilz nous restons quelques jours chez les parents de Tessalia. L’occasion de revoir ses amis et sa famille paternelle cette fois ci. Ensuite direction Fribourg, mais impossible de passer en Gruyère sans manger une fondue. Nous sommes invités par un ami de Benoît qui fait sa propre fondue (la fondue du barbu). Un moment très sympa à manger debout avec toute sa famille debout sur la terrasse. Nous reprenons la route comme si de rien n’était. A Fribourg nous retrouvons surtout les amis de Benoît puisqu’il a grandi dans cette ville. De Fribourg nous roulons jusqu’à Châtillon pour enfin revoir la filleule de Benoît, quel plaisir de la revoir. Elle a bien grandi, elle avait 5 ans quand nous sommes partis. C’est surtout en voyant les enfants que l’on réalise le changement de puis que nous sommes partis. Nous nous arrêtons à Yverdon rendre visite à Version Originale Cycle (notre support technique tout le long du voyage) ainsi qu’aux anciens collègues de Benoît. Pour finir notre aventure (en vélo) nous devons monter 700 mètres. Nous arrivons au début de la nuit à L’Auberson chez la maman de Benoît.

Voilà nous rangeons notre vélo, retrouvons nos affaires. Quelle drôle de sensation d’avoir le choix d’habits en s’habillant le matin. Retrouver la rigueur Helvétique et surtout de devoir payer très cher juste une photocopie dans les administrations. Le fait de rentrer très gentiment nous ne réalisons pas encore très bien que c’est fini. Peut-être aussi le fait que nous sommes toujours nomades. Nous naviguons entre chez les parents de Tessalia et chez la maman de Benoît.

Dur dur de réaliser vraiment ce que nous avons réalisé, il faudra certainement beaucoup de temps pour digérer tout ça. Pour l’instant nous sommes face à des soucis bien concrets comme trouver un travail, nous inscrire dans une commune, s’assurer. Bienvenue à la maison.

Vidéo d’Argentine
Vidéo de la croisière
Vidéo du retour

Photos d’Argentine
Photos de la croisière
Photos en France
Photos en Suisse

Patagonia South

Nous embarquons à 9 cyclistes sur un petit bateau pour traverser le lac O'Higgins. La petite embarcation se fait bien secouer par les vagues, d'ailleurs si le lac est trop mouvementé elle ne peut pas naviguer. Nous passons la douane chilienne et nous voici à affronter de grosses pentes, nous devons très souvent pousser le vélo. Il nous faut 3 heures pour faire 15km sur un chemin caillouteux. Là, à la limite entre les deux pays, le chemin devient un sentier, et la véritable aventure commence. Ari et Aline (les cyclistes brésiliens) nous ont attendus et nous aident durant les 6 derniers km. Il nous faut pousser le vélo et enlever les sacoches car avec il est trop lourd à pousser à certains endroits. Nous devons passer des rivières, avec de l'eau jusqu'aux genoux. Le sentier est boueux par endroits, bien qu'il n'ait pas plut depuis plusieurs jours, et c'est à 3 que nous devons nous mettre pour faire avancer le vélo qui s'est enfoncé. Il y a d'énormes ornières, où la remorque passe à peine, mais ça finit toujours par passer on ne sait trop comment. 5 heures pour faire 6 kilomètres, c'était vraiment la partie la plus difficile que nous avons enduré depuis le début du voyage. Mais la récompense était au bout, et nous avons planté la tente au bord du Lago del Desierto, en face du majestueux Fitz Roy.

Rejoindre El Chalten n'était ensuite plus qu'une formalité. Une route de ripio, avec vue sur le Fitz Roy, longeant un rio. A El Chalten nous retrouvons Benjamin et Lucile et d'autres cyclistes que nous avions croisés sur la Carretera Austral: tous ont bien pensés à nous sur le sentier argentin. Nous faisons une marche pour aller voir le Fitz Roy de plus près; là-haut le vent est très violent. D'ailleurs quand nous redescendons les gens étaient bloqués 1 kilomètre plus bas sans pouvoir monter à cause du vent. Nous en profitons aussi surtout pour nous reposer.

Quel bonheur de quitter El Chalten! Non pas que l'on ne s'y plaisait pas, mais la route est asphaltée et nous avons un fort vent de dos: nous parcourons les premiers 90 km très facilement. Ensuite nous tournons à droite et avons le vent de côté, et là nous réalisons bien toute sa violence: difficile d'effectuer les 20 km suivant. Ce jour-là, nous irons jusqu'à la Casa Rosa, endroit incontournable des cyclistes qui passent par là. C'est un hôtel abandonné, mais il reste les murs et le toit (tout ce dont nous avons besoin). Nous partageons "l'hôtel" avec un couple de hollandais qui s'en va vers le Nord et un Polonais qui suit la même route que nous. Chacun a mis sa tente dans une chambre et nous nous retrouvons pour manger ensemble et partager nos histoires. Pour nous rendre jusqu'à El Calafate nous devons vraiment lutter contre ce satané vent de côté et de face. Nous y arriverons finalement bien éreintés.

Il y a de mauvaises journées (comme quand nous nous sommes trompés de route et avons perdu le GPS) et il y en a de bonnes. Nous faisons du stop pour aller voir le glacier Perito Moreno (car le bus est hors de prix), nous n'attendons pas très longtemps et c'est un employé du parc qui nous prend. En passant devant l'entrée, il passe tout droit et nous dit: vous êtes avec moi pas besoin de payer. Hé ben y a des jours comme ça, nous n'avons pas eu besoin de dépenser 2200 pesos, soit environ 100 US dollars. Sur le chemin du retour le couple qui nous a pris en stop nous dit: "Nous vous avons vu hier en arrivant à El Calafate mais pourquoi zigzaguiez-vous sur la route, c'est dangereux!" Comment lui expliquer qu'il n'est pas facile de rouler droit en montée avec un vent de plus de 50km/h plus ou moins en face.

A nouveau en quittant El Calafate et partant vers l'Est nous avons un super vent de dos qui nous pousse et facilite grandement les montés. Pas facile de trouver des endroits où dormir, ça souffle sans arrêt et il n'y a que de la pampa. Nous avons de la chance, nous arrivons chaque fois à trouver un endroit protégé. Une fois la maison d'entretien des routes nous offre un abri providentiel, nous demandons pour camper derrière une maison mais on nous propose une remorque de camion avec des chambres, nous trouvons un petit abri pour les bergers en hiver avec des lits et un poêle. Tous des endroits providentiels mais oh combien salvateurs dans ce pays où le vent ne s'arrête jamais (ou alors lorsqu'il s'arrête…c'est qu'il pleut!).

A Puerto Natales, nous nous reposons et allons visiter le parc de Torres del Paine en voiture avec le propriétaire de l'auberge où nous dormons. Nous sommes bien content car le temps n'est pas au beau fixe et la route de ripio est vallonnée et en mauvais état. C'est en bien plus bien agréable de se laisser conduire, et nous voyons pleins d'endroits où nous ne serions pas allés à vélo (eh oui, c'est plus contraignant de faire des détours à vélo).

Jusqu'à Punta Arenas la route n'est pas passionnante, que de la pampa et du vent (de dos ou de côté), il y a juste quelques ñandú (petites autruches sauvages) et les guanacos (cousin du vigogne, famille des lamas) qui égaillent nos journées. Nous passons quelques jours à Punta Arenas, où nous faisons les touristes et allons voir les manchots de Magallanes sur l'île Magdalena. Il y en a des centaines, et nous pouvons les observer de tout près.

Nous prenons ensuite un ferry afin de traverser le détroit de Magellan et rejoindre la Terre de Feu. A notre arrivée, il fait froid et il pleut. En fait nous réalisons que par ici il y a deux sorte de temps: soit il y a un vent à décorner les bœufs, soit il pleut. Nous roulons quelques 50 kilomètres le long du détroit et commençons à être bien trempés quand une jeep avec une remorque s'arrête à côté de nous et nous propose de nous avancer un petit bout. Ce n'est pas de refus, et il nous dépose à un refuge où nous passons la nuit au sec. Nous sommes d'ailleurs bien reconnaissants, car cette nuit-là, il y a eu énormément de vent, pas sûr que notre tente y aurait résisté! Une réserve de manchots royaux se trouve à 15 kilomètres de là, impossible de retenir Tessalia. Ils sont beaux avec leurs couleurs, il y a même des nouveaux nés, c'est chouette de les voir!

En changeant un rayon cassé, nous apercevons que notre jante est vraiment bien abîmée, du coup nous modifions notre itinéraire, retournons sur nos pas et prenons la route beaucoup plus fréquentée, un peu moins jolie, mais au moins asphaltée. Nous nous retrouvons dans la pampa, du plat et du vent mais malgré tout, les paysages ont leur charme. Les herbes dans les tons dorés qui flottent au vent, les guanacos et les renards qui nous regardent passer et les vieux puits de pétrole qui nous surprennent.

Nous arrivons à Tohluin et soudain les paysages changent complètement: nous retrouvons de la forêt et gentiment des montagnes et pour ne rien gâcher, beaucoup moins de vent. Nous passons deux jour dans un hôtel abandonné, au bord du lac Escondido. Nous sommes vraiment bien là au soleil, nous avons une cabane rien que pour nous, la seule qui a encore des fenêtres.

Puis voilà, notre dernier jour de vélo sur le continent américain, c'est étrange. A notre arrivée à Ushuaïa, nous nous arrêtons pour faire la traditionnelle photo. Il y a là un motard en larme d'avoir fini son voyage. Nous ne réalisons pas vraiment que cette aventure est terminée. Il nous faudra certainement du temps pour digérer tout ça, et ça tombe bien, nous en avons.

650 jours de voyage et 25'000 km après avoir quitté l'Alaska, nous avons atteint Ushuaïa, Fin del Mundo. Un voyage rempli de rencontres, de découvertes, d'aventures, et surtout de souvenirs! Une aventure incroyable que nous avons vécue ensemble, et avec vous, qui nous suivez et nous soutenez.

Merci!

Pour l'instant, les parents de Tessalia nous ont rejoints, nous passerons donc deux semaines de vacances avec eux en Argentine, avant de nous faire un petit plaisir: nous partons sur une croisière pour deux semaines, depuis Buenos Aires, en direction de Marseille, avec escale au Brésil, dans les Canaries, et en Espagne. Depuis Marseille, nous remonterons en vélo jusqu'en Suisse. L'aventure n'est donc largement pas finie, et vous aurez encore quelques nouvelles de notre part!

Vidéo du Sud de la Patagonie
Photos de la Patagonie

Patagonia North

A notre arrivée à Pucón en Patagonie nous sommes directement dans le bain: vent violent, pluie et froid. Nous trouvons un petit hostel pour nous mettre à l'abri et au chaud au coin du feu pour attendre Alberic (notre ami venu nous voir de Suisse). Ça nous change bien des jours précédents où nous étions en petits shorts. Mais le temps change très vite, et les jours suivants il fait très beau et chaud. Nous profitons des bains thermaux et des belles balades à faire d'où nous pouvons admirer les volcans Villarrica et Lanin.

Nous quittons ensuite Alberic et reprenons notre vélo après une longue période de repos. Le début est plutôt plat, nous sommes en plein printemps, les fleurs de toutes les couleurs bordent la route et nous sommes envahis de leurs odeurs. Il y a peu de trafic c'est très agréable à rouler, même lorsque la route se fait bien plus pentue. Nous repassons sans encombre en Argentine pour retrouver la "Ruta 40" et les magnifiques paysages des siete lagos. Enfin… surtout quand il fait beau. Nous passons Noël à la casa de ciclista de Bariloche en compagnie de Raphaël et Elodie un très sympathique couple de Français qui remonte d'Ushuaia. Nous pouvons échanger nos conseils pour la suite de nos voyages respectifs. Nous repartons ensuite direction le Chili, en passant par le parc naturel de Los Alerces.

Nous espérions être bien accueilli chez les pompiers de Cholila, malheureusement apparemment une nouvelle loi leur interdit désormais d'héberger des cyclistes. Mais le commandant habite juste à côté et nous propose un couvert qui nous conviendra parfaitement pour la nuit (surtout avec la pluie qui tombe, c'est bien agréable). Depuis que nous sommes revenus sur la 40 nous rencontrons beaucoup plus de cyclistes. Dans le Parc National de Los Alerces nous voyageons avec un couple de brésiliens en tandem et un couple de breton en vélos couchés. Nous repassons donc au Chili pour passer la nouvelle année à Futaleufu dans un petit hostel, rien de bien spécial, une soirée en amoureux et couché à peine minuit passé. Il pleut énormément nous restons donc au sec encore un jour.

Ensuite nous avons envie d'avancer, donc nous reprenons la route malgré pluie. Bien que le ciel soit très bas et nuageux nous apercevons quand même de beaux paysages, avec toute cette pluie, il y a des cascades partout. Nous traversons le village sinistré de Santa Lucia. La moitié du village a été enseveli sous une coulée de bout environ deux semaines avant notre passage, ainsi que 6km de route (en direction du nord) qui ont été emportés. D'ailleurs avant d'y passer nous ne savions pas trop si nous pouvions le traverser, c'était très dur d'avoir des informations fiables (surtout depuis l'Argentine, les deux pays ne se portant pas vraiment dans le cœur). Des hommes recherchent encore des personnes disparues, d'autre s'affairent à déblayer les décombres, c'est impressionnant à voir.

Mais nous voici enfin sur la fameuse Carretera Austral, route mythique de la Patagonie Chilienne, s'étendant sur 1200 km environ. Vu que la route venant du nord est fermée, c'est parfait pour rouler (si l'on oublie la pluie): un bon revêtement et presque pas de véhicules. Mais cela ne dure pas. Nous retrouvons bien vite le ripio et les voitures. Quand nous planifions nos étapes, les profils sont relativement plats. Dans la réalité nous découvrons ce que nous baptiserons le "plat patagonien". En fait c'est des successions de petites montées et descentes extrêmement raides, ce qui nous fatigue beaucoup, mais ça nous laisse plus de temps pour admirer les sommets enneigés et les glaciers. L'avantage, nous trouvons facilement des endroits où camper et même faire un feu pour réchauffer nos soirées assez fraîches.

Après 3 jours de vélo sous la pluie, de camping dans la nature (ou sous un abri de fortune), et de remettre nos habits mouillés et gelés le matin, nous faisons un arrêt forcé dans le petit village de Puyuhuapi, histoire de tout sécher et de se réchauffer. Nous y croiserons à nouveau tout plein de cyclistes: Maru, (Argentine), Ari et Aline (Brésil), et Jonas et Anaëlle, deux Suisses…dont nous apprenons que nous avons une amie en commun, et qui avaient donc entendu parler de nous. Le monde est vraiment petit! Nous repartons sous la pluie, pour aller faire une marche à quelques km de là, mais ne verrons le glacier que nous voulions voir que 2 secondes. Un peu frustrant, car le lendemain, le soleil se lève. Ici, nous l'apprendrons, le temps change très vite. Passant d'un froid glacial et de la pluie à un jour au soleil et du chaud le lendemain. Nous continuons notre route vers le Sud, croisant toujours plein de cyclistes.

Nous faisons un petit détour pour aller voir le village sur pilotis de Tortel. La mauvaise route de ripio nous fait un peu regretter le détour mais pas le surprenant village, construit entièrement sur pilotis, à flanc de montagne, avec des passerelles passant d'une maison à l'autre. Ensuite il faut prendre un ferry (gratuit) car il n'y a pas de route pour traverser un fjord. Nous dormons dans une cabane spécialement dédiée au voyageurs nous la partageons avec Ben et Lucile un couple de cyclo-parapentiste français. Sur les 100 derniers kilomètres qui nous mènent à Villa O'Higgins (fin ou début de la Carretera Austral), nous passons une journée où rien ne va (il y en a quelques-unes pendant le voyage). Après 7km la route se sépare en 2 et nous ne savons toujours pas pourquoi, mais nous avons pris le mauvais chemin. Après 15km, nous réalisons que nous avons perdu le GPS. Benoît retourne à pieds en arrière à sa recherche et, aidé dans ces recherches par les militaires qui refont la route, refait tout le chemin en arrière avec eux, mais ne retrouve pas le GPS. C'est quand ils lui demandent où nous allons qu'ils nous disent que nous ne sommes pas sur la bonne route. Par chance les militaires chargent notre vélo sur leur pick-up et nous ramènent jusqu'au croisement où nous nous étions trompés. Du coup nous reprenons notre (bonne) route en direction d'O'Higgins.

Arrivés là-bas il faut réserver les bateaux pour rejoindre El Chalten. C'est un peu l'inconnu car il n'y a qu'un petit bateau (9 vélos max) et il navigue au bon vouloir du capitaine et de la météo. Par chance nous pouvons prendre un bateau pour le surlendemain, ce qui nous offre une journée de repos afin de bien préparer le passage très difficile jusqu'à El Chalten.

Le beau temps est à nouveau de la partie, pas de vent, nous partons donc lundi sur le petit bateau, direction l'Argentine, pour une ENORME aventure! Mais ce sera pour le prochain récit!

Vidéo du Nord de la Patagonie
Photos de la Patagonie

Nord Chili – Argentine

Nous entrons au Chili, et miracle: les routes sont asphaltées, 2000 mètres de descente s'offrent à nous jusqu'à San Pedro de Atacama. Nous nous réjouissons un peu trop vite, notre moyeu (centre de la roue arrière) fait des siennes, pas de roue libre: il faut pédaler aussi vite que tourne la roue. Mieux vaut lâcher les pédales dans ces conditions. (et c'est plus très stable). Du coup, nous descendons très lentement…un peu frustrant.

Nous arrivons à San Pedro, où il ne faut pas oublier de passer à la douane faire valider nos passeports et subir le contrôle de fruits et légumes: impossible de passer avec des produits frais au Chili. Mais nous aurions très bien pu aller déposer tous les produits illégaux à l'hôtel et venir nous présenter à la douane ensuite. Enfin, les douaniers préfèrent prendre des photos du vélo que de nous poser les questions d'usage. Nous voici en ville, étrange sentiment après ces derniers jours passés dans la nature. C'est dur de trouver un hôtel, avec de la place et pas trop cher. Finalement nous trouvons une chambre (très chère pour notre budget) mais c'est tellement agréable d'avoir une chambre, un lit et une salle de bain rien que pour nous! Nous en profitons surtout pour nous reposer, aller souper avec un couple de valaisans rencontrés à la frontière et la veille de notre départ nous retrouvons Nyle et Andrea qui viennent d'arriver. Ils sont dans le même état de fatigue que nous lors de notre arrivée, ça nous rassure un peu.

Nous quittons San Pedro et longeons le désert d'Atacama. Les premiers jours la route est assez plate et monotone avec quand même quelques beaux couchers de soleil (et un peu de vent). Nous espérions faire le plein de nourriture dans le seul petit village sur notre route, nous déchantons, nous sommes dimanche et tout est fermé. Nous mangeons dans le seul restaurant d'ouvert et puiserons dans nos réserves pour les jours suivants. Nous abordons la montagne, il fait de plus en plus froid et le vent violent et glacial, que nous pensions loin dernière nous, nous rappelle la Bolivie. Nous découvrons aussi de superbes lagunes! Alors que nous faisons notre pause de midi à l'abri du vent (plus ou moins) et à contempler la Laguna de Aguascalientes un bus de touriste se pose juste à côté de nous: ce sont des français (un papa et ses deux enfants) nous discutons un peu. Ils ont dû avoir pitié de nous car ils nous proposent de prendre les restes de leur dîner. Ils devaient avoir à manger pour 10 alors qu'ils n'étaient que 3. Nous sommes tout heureux de pouvoir prendre de la salade de quinoa, du poulet, du bon pain, un gâteau au pommes et même deux bières. Ça passe vraiment bien nous qui rationnions notre nourriture.

C'est encore plus dur que nous le pensions jusqu'à la douane argentine. Heureusement là-bas ils ont un cantonnement qu'ils laissent aux voyageurs et nous pouvons enfin passer une nuit au chaud, sans vent, avec une cuisine et même une douche. Nous déchantons arrivés en argentine: la route que nous pensions belle et asphaltée est en réalité une piste de cailloux et de tôle ondulée. L'horreur continue jusqu'à San Antonio de los Cobres, où nous retrouvons un peu de civilisation. C'est une petite ville avec des hôtels (pas trop chers) et des magasins. De là nous faisons vite un aller-retour à Salta (la grande ville) pour aller acheter un nouveau moyeu, des nouveaux pneus (nous voyons la toile sur les anciens), et faire des commissions dans un énorme supermarché. Nous allons même manger un buffet brunch, c'est un très bon investissement pour nous, nous étions tellement affamés que nous y sommes restés plus de deux heures. De retour à San Antonio nous retrouvons à nouveau Nyle et Andrea, quel plaisir de partager nos aventures similaires pendant le souper. Nous ne les attendons à nouveau pas car ils descendent à Salta à vélo et nous nous voulons prendre la fameuse Ruta 40.

On doit être un peu maso: on reprend une piste de caillou et un col à plus de 4900 mètres (4995 sur le panneau, 4950 sur le GPS) l'altitude exact n'est pas sûre mais elle doit se situer par-là autour. A part l'état de la route c'est très agréable il n'y a pas de trafic, beaucoup de vigognes et des paysages fabuleux. La descente est un peu difficile, Benoît sent que la direction réagit très bizarrement. Nous sommes obligés de pousser impossible de contrôler le vélo. Après plus de deux heures à pousser le vélo, un groupe de voyageurs en motos avec une voiture qui les suit passe et s'arrête. Nous chargeons le vélo sur la remorque et ils nous emmènent jusqu'à Cachi. Au camping nous retrouvons Aldo un cycliste argentin que nous avions croisé en vitesse dans le salar d'Uyuni. Nous réparons la direction: c'était "juste" un roulement à billes qui était cassé. Encore une nouvelle partie de vélo que nous avons appris à réparer.

Dans les magasins quand ils n'ont pas de monnaie (1 ou 2 pesos) ils nous donnent des bonbons, c'est rigolo. Nous repartons avec Aldo, mais notre nouveau moyeu rend l'âme et nous oblige à prendre un ride jusqu'à Cafayate. Là, nous trouvons (enfin) un bon mécanicien, qui nettoie notre ancien moyeu et celui que l'on venait d'acheter une semaine auparavant est bon pour la casse. Nous passons quelques jours à Cafayate afin de déguster les vins de la région, Tessalia en rêvait depuis tellement longtemps.

Cette fois nous attendons Nyle et Andrea. C'est chouette de voyager à plusieurs, ça nous change. Heureusement que nous sommes tous ensemble car les paysages sont un peu monotones (que du désert) et le vent très fort et de face évidemment. Nous nous séparons après deux semaines ensemble, eux vont vers Mendoza afin de réparer les fermetures éclair de leur tente (on a tous des soucis matériel) et nous passerons plus à l'Ouest nous voulons éviter la grande ville.

Depuis Uspallata nous nous retrouvons sur la route 7 (en direction du Chili), très fréquentée. Ça contraste beaucoup avec ce que nous avions précédemment. Après 20km et quelques grosses frayeurs avec de gros camions qui passent vite et très près de nous, ils klaxonnent mais cela ne nous fait pas disparaitre. Nos vieux démons nous rappellent notre accident du Mexique et nous nous arrêtons et essayons de prendre un ride sur cette portion dangereuse. En vain, les voitures passent à vive allure et ne prêtent guère attention à nous. Nous respirons un bon coup et repartons à vélo en nous mettant bien sur le bas-côté à chaque fois qu'un camion passe. Nous avons la chance de pouvoir apercevoir l'Aconcagua depuis la route, le plus haut sommet du continent américain, à 6'959m. Arrivés à Las Cuevas nous espérions passer par le col los Libertadores pour passer au Chili, mais malheureusement pour nous il était fermé. Nous avons donc chargé notre vélo sur une camionnette et traversé le tunnel ainsi, car il est interdit traverser ces 3 km à vélo.

De l'autre côté, c'est 3'000 mètres de descente sur Valparaiso. Quel changement, nous retrouvons l'océan Pacifique, les plages, les pélicans et la chaleur. Nous sommes accueillis chaleureusement par les parents d'un copain de Benoît. La ville de Valparaiso est impressionnante avec ses maisons colorées, ses graffitis, et ses petits cafés et bars. La ville est construite le long du port, et sur toutes les collines alentours. Ça fait beaucoup d'escaliers à monter, mais lui donne son charme. On peut monter sur ces collines grâce à de vieux funiculaires qu'ils appellent ascenseur (c'est presque juste, tellement ils sont raide). Nous y retrouvons aussi Alberic (notre ami de Suisse venu nous voir déjà au Mexique) quel plaisir de revoir une tête connue. Nous envoyons depuis ici le vélo et la remorque directement à Pucon, au nord de la Patagonie, notre prochaine étape. Cette fois nous sommes vraiment en vacances pour quelques jours, et nous profitons pour aller visiter Santiago en passant. Nous avons le sentiment étrange de nous retrouver dans une grande capitale européenne. Intéressant à voir mais pas trop longtemps, nous sommes heureux de prendre le bus pour Pucon. Cette fois, c'est le départ pour la dernière (ou pas..à suivre…) étape de notre voyage: la Patagonie!

Vidéo du Nord du Chili - Argentine
Photos du Chili et de l'Argentine