Le passage de la douane péruvienne se passe sans encombre, le douanier nous octroyant 100 jours. Nos premiers coups de pédales au Pérou sont un vrai plaisir, la route étant asphaltée! Il y a de grandes montées, mais les pentes sont nettement plus "suave" (douces) qu'en Equateur. Nous savons que nous sommes au Pérou, il y a des mototaxis partout ici. Benoît est content, après trois jours, nous nous sommes déjà fait invités deux fois à partager une bière avec des péruviens. Ici, il y a un rituel pour boire la bière: ils ont une grande (voir plusieurs) bouteille et un seul petit verre qu'ils boivent, puis transmettent à la personne à leur gauche.
Sur la route qui nous emmène de San Ignacio à Jaen nous sommes très surpris de nous retrouver entourés de rizières, on se croirait presque en Asie. Il fait chaud en plus, quel plaisir! A Jaen nous profitons d'un hôte warmshowers qui a un magasin de vélo pour bien réparer le vélo (encore!). Nous changeons complètement la roue arrière car elle commence à se fissurer autour des rayons. Il nous mettra aussi de nouveaux rayons, mais apparemment, ils n'avaient pas de rayons de très bonne qualité, mais nous ne le constaterons seulement par après. Nous changeons aussi les plateaux et passons d'un 26/36/48 à un 22/32/42 qui devraient nous aider à passer les Andes un peu plus facilement. Nous quittons Jaen par l'Ouest, dans les montagnes, alors qu'initialement nous pensions rejoindre la côte. Suite à diverses discutions qui nous mettaient en garde contre l'insécurité et la dangerosité de la Panamerica Norte. Nous ne le regrettons pas. (enfin...la plupart du temps)
Suite au conseil du Warmshower, nous passons par un "raccourcis" qui nous fait prendre une petite barque au-dessus d'un rio, puis pousser (à 3!) le vélo dans 30 cm d'eau… toute une aventure! Nous passons une première nuit de camping au Perou au bord de la lagune de Burlan, quel bonheur de profiter du lever de soleil sur l'étang et de la vue sur les montagnes. Le jour suivant nous longeons et remontons le rio Utcubamba dans un canyon. C'est entouré de roches et de montagnes abruptes que nous arrivons à Pedro Ruiz.
Nous nous accordons une journée sans vélo pour aller voir la Catarata de Gocta qui était pendant longtemps la troisième plus haute cascade du monde avec ses 771 mètres de haut, jusqu'à ce qu'ils découvrent, il y a quelques années, qu'il y en avait une encore plus haute un peu loin. Quatre heures de marche dans la forêt amazonienne pour admirer cette énorme chute d'eau. Au retour nous avons eu droit à un déluge sur nos têtes. C'est complètement trempé (et congelés) que nous rentrons de notre petite expédition. Le soir nous retrouvons Nyle, Andrea (le couple canado-allemand rencontrés à Tumbaco) et Julien (un cyclo voyageur de Lille) afin de souper tous ensemble. Le lendemain nous partageons la route avec Julien jusqu'à Nuevo Tingo, c'est très agréable de pédaler à nouveau avec quelqu'un d'autre (ça faisait longtemps). Nous visitons les ruines de Kuelap (où nous prenons une télécabine pour y arriver), site Inca où nous pouvons découvrir leur façon de vivre. Mais à vrai dire nous profitons surtout du splendide panorama que nous offre ce belvédère. Le soir nous mangeons à nouveau tous ensemble Nyle et Andrea nous ayant rejoint.
C'est toujours en compagnie de Julien que nous continuons à remonter le canyon et commençons à attaquer des pentes un peu plus raides. C'est dans la montée en direction de col Calla Calla que le moyeu de notre roue arrière se bloque, nous pouvons encore avancer mais nous ne pouvons plus nous arrêter de pédaler, pas idéal à la descente. Alors que nous regardons ce que nous pouvons faire, une famille qui habite juste au bord de la route nous demande si nous voulons passer la nuit chez eux. Il se fait tard, et nous acceptons avec plaisir. Nous posons nos tentes au rez-de-chaussée de leur maison. Alors que nous nous apprêtons à nous faire à manger, ils nous demandent ce que nous faisons. Hors de questions que nous nous fassions à manger, ils nous invitent à partager la soupe et le café avec du pain. Quel moment intense vécu à ce moment, à 9 dans une toute petite cuisine sans eau courante juste deux plaques à gaz, un feu pour chauffer les aliments. Les chiens, chats et poules qui viennent tenter de trouver un peu de nourriture qui trainerait. Ils nous posent tout plein de questions parfois très surprenantes et parfois très banales. Nous ne savons pas qui sont les plus intrigués, eux qui ne savent même pas où est la Suisse et vaguement l'Europe ou nous de se retrouver dans ce lieu improbable. Le lendemain, ils nous invitent à nouveau à partager la soupe avec eux (oui les repas à la campagne ne sont pas très variés). Un très beau moment de partage avec cette famille!
C'est à contrecœur que nous décidons de faire du stop pour relier au plus vite Cajamarca et réparer (encore) le vélo. Il n'y pas beaucoup de voitures qui passent par-là, au bout d'une heure d'attente infructueuse nous décidons d'attaquer le reste de la montée à vélo et c'est à ce moment qu'une grosse jeep passe, c'est un jeune couple américano-péruvien qui va justement à Cajamarca. Quelle chance nous sommes bien confortablement assis à l'arrière pour contempler les 15km de montée qu'il nous restait puis les 60km de descente avec des paysages à couper le souffle puis encore 50km de montée puis encore 100km jusqu'à Cajamarca. C'est un peu frustrant de rater ces beaux paysages, et Tessalia propose même de revenir le faire à vélo. Mais finalement nous sommes aussi contents d'avoir passé tous ces obstacles bien facilement. Nous trouvons (par chance) un atelier de réparation de vélo (nous n'avons pas trouvé de magasin de vélo à proprement dit) mais ils ont pu réparer notre roue, c'est tout ce qui compte. Nous profitons aussi de visiter la ville qui n'est pas spécialement jolie mais très agréable (il y a surtout de bonnes boulangeries!). Nous allons aussi prendre un bon bain chaud à Baños del Inca. C'était assez surprenant, en fait c'est de petites pièces privatives avec une baignoire et elle est à notre disposition pour 40 minutes. L'eau est bouillante, ça fait du bien de se faire du bien. Le soir nous retrouvons aussi Julien pour un dernier souper ensemble, lui partira faire du surf sur la côte et nous continuons dans les montagnes.
Les montagnes offrent des paysages somptueux, mais vers les 3000 mètres il n'y fait pas toujours très chaud. Nous quittons les routes goudronnées pour emprunter des routes de terre, en général en bon état, quoi que... Après un col à plus de 3500 mètres c'est gentiment la fin de la journée, il ne fait pas chaud et en plus il commence à pleuvoir. Nous apercevons un couvert au bord de la route, demandons à la paysanne si nous pouvons y mettre notre tente afin de passer la nuit un peu à l'abri de la pluie et du vent. Elle accepte très volontiers, un peu plus tard ses enfants viennent nous chercher pour partager la soupe avec eux. Nous nous retrouvons dans une toute petite cuisine sans électricité, elle cuisine uniquement au feu de bois, la pièce est enfumée. Ici, il y a aussi chiens, chats et poules mais en plus les cochons d'inde qui se faufilent entre les meubles et récupèrent les maïs qui trainent par terre. Nous partageons le repas avec tous ces gens, il n'y a pas beaucoup de paroles mais l'instant est très fort (en tout cas pour nous). Nous sommes désolés, nous n'avons pas pris de photos des gens où des endroits chez les habitants, il ne nous semblait pas approprié de sortir nos téléphones ou appareil photo dans ces moment-là. Au moment de partir un des adolescents nous demande quand même notre Facebook. Ils ont juste un petit panneau solaire, mais ils ont quand même presque tous un smartphone et sont connectés.
Nous avions prévu une journée tranquille afin d'arriver assez tôt à Cachicadan où il y a aussi de l'eau thermale. Malgré la route principale fermée et le fait que nous devons emprunter une route en moins bon état et beaucoup plus vallonnée que la principale finalement nous n'arrivons pas trop tard (mais trempés et gelés) à destination. Nous trouvons un petit hôtel avec baignoire thermale dans la chambre. Ne vous faites pas trop d'illusion nous n'avons pas soudainement la grande vie. Il s'agit d'une toute petite chambre avec juste la place pour le lit, la baignoire (un bac carrelé) et les toilettes, mais c'est chouette. Le matin nous allons un voir un artisan qui manie la fibre de verre pour réparer le pied de la remorque, qui a beaucoup souffert après la chute, l'accident, les gens qui s'assoient sur le vélo ou les enfants qui se couchent sur la remorque. Il recolle le pied et répare même d'autre fissures, impossible de l'arrêter. Au moment de partir nous lui demandons combien nous lui devons mais il ne veut rien, impossible de lui donner quoi que ce soit, il veut juste que nous puissions continuer notre aventure.
Nous serpentons le long de routes en terre entourés de paysages magnifiques. C'est très agréable de rouler dans ce coin de pays. Arrivé à Mollepata nous retrouvons enfin une route goudronnée (après 4 jours). Si elle est goudronnée c'est parce que c'est raide. Nous descendons 1500 mètres et remontons 1500 mètres juste après. Nous nous arrêtons presque à chaque virage pour prendre des photos tellement les paysages sont beaux. Nous descendons ensuite dans un canyon. Les paysages son arides, faits de pierre et de cactus. Ça change vraiment de ce qu'on avait eu avant, mais c'est magnifique. Arrivés peu avant le Canyon del Pato, nous cherchons un endroit où mettre notre tente pour passer la nuit. Nous avons 6 rayons de cassés, donc nous poussons notre vélo, mais à peine avons-nous commencé à pousser qu'un pick-up s'arrête et nous propose de nous emmener jusqu'à Caraz. C'est finalement cheveux au vent et debout derrière un pick-up que nous verrons le Canyon del Pato. Enfin juste le début car à la fin nous le traverserons de nuit.
Caraz se situe entre la cordillère blanche et la cordillère noire. Nous laissons donc le vélo quelques jours pour aller marcher. Nous louons un sac à dos et partons 4 jours faire la Quebrada Santa Cruz, une randonnée qui nous emmènera au milieu de la cordillère blanche, dans le parc du Huascaran. Quel changement de se retrouver encerclés de montagnes enneigées. Le deuxième jour, nous passons le col de Punta Union, à 4750 mètres. Les derniers pas se font plus durs, l'altitude se faisant sentir et nos sacs sont lourds avec tout le matériel et la nourriture. Mais le paysage que nous avons depuis là-haut est à couper le souffle et vaut vraiment la peine! Pour une fois c'est presque agréable de se lever la nuit pour aller faire pipi, le ciel est sans nuages, les glaciers réfléchissent avec la lune même pas pleine et nous pouvons admirer la voie lactée. La reprise du vélo est assez dure, les muscles se font sentir après toute cette marche. La route pour Huaraz offre de très beaux paysages sur la cordillère blanche malheureusement il n'y a pas d'accotement et le trafic est dense. En ville, même petite ce n'est vraiment pas agréable de rouler, les chauffeurs ne font pas vraiment attention à nous et klaxonnent tout le temps. Nous passons deux jours à Huaraz puis embarquons dans un bus pour Cusco. Nous nous rendons compte que si nous voulons arriver pour fin février à Ushuaia il faut que nous nous dépêchions un peu. Enfin, nous avons pris le choix de prendre le bus de temps en temps (là où l'on nous a dit que c'était moins beau ou vallonné) et de choisir les endroits qui nous semblent plus intéressants et prendre le temps de profiter.
Vidéo du Nord du Pérou
Photos du Nord du Pérou